Le ... crevant de faim
Forge la terre en cendres.
Le voyage est affreux
A gravir et descendre
Les gorges de l'enfer.
Explorateur durci,
Des carnets de créances,
Tu as compté précis,
Tes faillites d'agence
Et ta peine à venir.
De Harar à Zeilah,
Les nègres sans repos,
Rythment pas après pas,
Le calvaire de Rimbaud
S'en allant vers la mer.
Rimbaud Rimbaud Rimbaud Rimbaud
Et que sont devenues
Tes longues cavalcades
Et tes esclaves nues
A l'ombre des arcades
Levaient-ils tes désirs ?
Sous la peau abyssine
Qui revêt la civière
La tumeur assassine
Eclate à chaque pierre
Où butent les porteurs.
Et dans les nuits lactées
Aux filantes étoiles,
Les hyènes au rire glacé
Offrent aux lunes pâles
L'inquiétude et la peur.
Que cette vie m'ennuie,
Je voudrais un enfant,
L'autre, l'espoir qui luit,
L'aurore au firmament,
Tendre comme un sourire.
Que dis-tu vierge folle ?
Ton époux infernal
...t-il sur le sol
Rampant tel un crotale,
Calciné d'un délire,
Et l'homme sur le flanc creuse pour déposer sous lui ses excréments, tordu, paralysé de douleur, arc-en-ciel.
Je vais en Angleterre,
A Londres qui m'attend,
Je vais vers la misère,
Dépenser mon printemps
Dans les bras de Verlaine.
L'araignée désespoir
Aux couleurs de gangrène,
Tisse des cauchemars
Que l'insomnie égrène
Effaré face au ciel
Mais c'est une autre mer
Qui te prend vieux ponton,
Immobile et amer
Et qui t'entraîne au fond
Dans le froid des Ardennes.
Rimbaud Rimbaud Rimbaud Rimbaud
La putréfaction mangera ton genou
Pressents-tu la passion
De l'idiot qu'un mal fou
Mène au long corbillard.
Bruxelles a vu nos larmes
Et notre amour violent,
Je t'ai vendu des armes,
Makonen ou Lélian,
Deux coups de feu vermeils,
Café, ivoire et peaux,
Désert hallucinant,
Caravanes, chevaux,
Tes fusils, ton argent,
Au soleil des pillards.
Alexandrie ou Vienne,
Samarande ou Queenstown,
Milan, Lanarca, Sienne,
Je ne suis qu'un piéton
Qui s'arrête à Marseille.
Ton errance est fini,
Suintant de pourriture,
Senteur d'Abyssinie,
Charognard d'aventure,
Pressentant l'enterrement.
Onze jours, douze nuits, seize porteurs, quinze thalaris par porteur, trois-cent kilomètres, trente-six ans.
Les semelles de vent
Ne feront plus la paire,
Et je vais chancelant,
Debout sur mon cancer,
Furieux et bavant.
Que ton silence est grand,
Et pourquoi ce silence
Jamais plus d'autre chant,
Des chiffres ou la démence,
Je vivrais mort-vivant.
A Louxor tu gravais
Ta mort sur un tombeau.
La poésie savait
Déjà ton nom Rimbaud.
Voyageur et voyant
Rimbaud Rimbaud Rimbaud Rimbaud
Un enfant accroupi plein de tristesse
Lâche un bateau frêle comme un papillon de mer
Arthur Rimbaud
Paroles (d'après écoute, à réviser) Alain Aurenche.
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