Mettant fin à sa brouille avec son fils, Mme Verlaine le rejoint et habite à l'hôtel une chambre au-dessus de la sienne. Elle meurt le 21 janvier 1886. Immobilisé à cause de sa jambe, Paul ne peut assister à l'enterrement. Comme il n'a jamais payé la pension alimentaire de Mathilde, la famille Mauté fait mettre les scellés sur la chambre de la morte. Le poète remet au juge un paquet de titres d'une valeur de 20 000F trouvé dans le matelas de sa mère (environ 600 000 F d'aujourd'hui). Il est désormais à peu près sans ressources.
En avril, à l'hôtel du Midi, il fait la connaissance du dessinateur Auguste Cazals, qui a vingt et un ans et lui inspire une violente passion à laquelle le jeune homme ne répond pas.
Le 22 juillet, souffrant d'ulcères aux jambes, Verlaine fait le premier de ses nombreux séjours à l'hôpital.
Le 30 octobre, Mathilde se remarie.
Le 5 décembre, il entre à l'hôpital Broussais.
Paul Verlaine hospitalisé à Broussais en 1889, par Cazals.
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Le 13 mars 1887, il sort de Broussais. Réduit à l'état de clochard, il est de nouveau hospitalisé le 1er avril et passe cinq mois entre Cochin, l'asile de Vincennes, Tenon, puis de nouveau Cochin. Le 9 septembre, il est à l'hôtel de la Harpe, secouru financièrement par Vanier et Coppée. Le 20 septembre, retour à Broussais, pour six mois. Le 20 mars 1888, le jour même de la publication d'Amour chez Vanier, Verlaine, sorti de l'hôpital, s'installe à l'hôtel
Royer-Collard où il tiendra des "mercredis" littéraires. le 21 février 1889, il s'installe à l'hôtel de Lisbonne, rue de Vaugirard, et reprend ses mercredis. En Juin, parution de Parallèlement. Du 8 juillet au 19 septembre, il est de retour à Broussais, puis en cure à Aix-les-Bains, d'où il écrit lettre sur lettre à Cazals.
Il revient ensuite à Broussais. Le 9 janvier 1890, il reçoit à Broussais la visite des jeunes Gide et Pierre Louÿs. |
Le 19 février 1890, Verlaine quitte Broussais et loge à l'hôtel des Mines, 125 boulevard Saint-Michel.
En mars, publication de Dédicaces, recueil dédié aux amis anciens (Lepelletier, Rimbaud, Nouveau, Villiers de l'Isle-Adam, Huysmans, Mallarmé, Moréas, Tailhade..) et nouveaux (Cazals, Jean Richepin, Rodolphe Salis, Gustave Le Rouge...). Il rompt avec Cazals et le prie de lui restituer tout ce qui lui appartient.
Du 19 juin au 25 novembre, il est à l'hôpital Cochin, puis à l'asile national de Vincennes, puis Broussais. Verlaine voulant faire publier chez un autre éditeur, Fasquelle, un choix de ses meilleurs poèmes, Léon Vanier se brouille avec lui.
En décembre, publication à Bruxelles, chez Kistemaeckers, de D'Aulcunes, sous le pseudonyme de Pablo de Herlanes, dix-huit poèmes "pornographiques" qui seront saisis par la police.
En janvier 1891, il se réconcilie avec Cazals.
Du 11 janvier au 6 février, il est à l'hôpital Saint-Antoine. Il reçoit les charmantes visites de Philomène. À sa sortie, il s'installe à hôtel de Montpellïer, où elle vit avec son protecteur. Puis il est hospitalisé à l'hôpital Saint-Antoine pour une crise de rhumatismes. À sa sortie, le 6 février 1891, il retourne à l'hôtel de Montpellier. Philomène l'aide dans ses démarches auprès de son éditeur et des journaux.
Le 21 mai, sa petit pièce Les Uns et les Autres est montée au Théâtre des Variétés, interprétée par la troupe du Théâtre de l'Art
pour une représentation de gala.
Philomène revenant mystérieusement bredouille d'une de ses missions auprès de l'éditeur, Verlaine lui retire sa confiance et fait
maintenant faire ses démarches par Eugénie.
En juin, parution de Bonheur chez Vanier.
Le 17 septembre, il est mis à la porte de l'hôtel de Montpellier pour retard de loyers. Il retourne au 15 de la rue Descartes, où habite Eugénie.
Le 31 octobre, il est de retour à Broussais, où l'on diagnostique diabète et syphilis. Il
reçoit de nouveau les visites de Philomène et il lui confie de nouveau ses commissions auprès de son éditeur.
En novembre, parution de Mes hôpitaux, en prose, chez Vanier.
Le 10 novembre, Il apprend la mort de Rimbaud à trente-sept ans, emporté par un cancer, à l'hôpital de la Timone à Marseille.
Le 26 décembre, les Chansons pour elle paraissent chez Vanier.
Le 20 janvier 1892, à sa sortie de Broussais, Verlaine s'installe avec Philomène à l'hôtel de Rennes. Se montrant jaloux de ses autres clients, elle finit par le mettre à la porte. Période d'errance et de misère.
Le 12 mars, 36 hommes de lettres et artistes se cotisent pour lui verser une petite rente mensuelle. Il se met en ménage avec Eugénie Krantz, au 9 rue des Fossés-Saint-Jacques. Elle redevient son intermédiaire auprès de Léon Vanier, l'éditeur. Agée d'une quarantaine d'années, rangée, elle veille jalousement sur lui et essaie de le soustraire aux bras de Philomène.
Il entre de nouveau à l'hôpital Broussais, et Philomène reprenant ses visites, il retombe sous le charme et lui confie à nouveau la tâche d'intermédiaire. Le 16 avril, parution de Liturgies intimes à la Bibliothèque du Saint-Graal.
À sa sortie de l'hôpital, en octobre, il s'installe seul rue Saint-Séverin, puis rue des Fossés-Saint-Jacques avec Eugénie.
Du 2 au 14 novembre, il fait une tournée de conférences en Hollande. À son retour, il lui confie ses économies. Le jour où il en a besoin, tout à disparu. Furieux, il quitte Eugénie qui accuse Philomène du vol, et erre dans Paris. Le 19 décembre, il est de retour à Broussais. Philomène vient le visiter et retrouve ses faveurs.
Le 17 janvier 1893, pour la préparation de ses conférences en Belgique, il préfère retourner au calme chez Eugénie.
Du 21 février au 10 mars, il fait une tournée de conférences en Belgique. Prudent, cette fois il met à l'abri les recettes de la tournée avant de rentrer.
Le 13 avril, Verlaine préside le huitième banquet de La Plume.
En mai, parution chez Vanier de Élégies, 12 poèmes écrits pour Philomène puis de Odes en son honneur, dix-neuf autres poèmes écrits pour la même Philomène.
En juin, parution de Mes prisons, toujours chez Vanier.
Du 14 juin au 3 novembre, il retourne à Broussais pour un érysipèle infectieux. Philomène réapparait.
En Juillet, il pose sa candidature à l'Académie française. À sa sortie d'hôpital, il s'installe chez Philomène.
Du 3 novembre au début décembre, il fait une tournée de conférences en Lorraine, puis en Angleterre. Il écrit de nombreuses lettres à Philomène, projetant de l'épouser, puis apprenant par Eugénie l'infidélité de sa future épouse, il préfère rompre.
En décembre, il invite Eugénie à le rejoindre au 187 de la rue Saint-Jacques, dans le logement qu'il a gardé.
Publication chez Vanier de Quinze Jours en Hollande, récit de voyage.
L'Angleterre s'intéresse à lui et l'éditeur londonien Lane décide de publier un choix de ses poésies.
Du 1er mai au 10 juillet 1894, il séjourne à l'hôpital Saint-Louis pour de nouveaux abcès aux jambes.
Le 26 mai, paraissent chez Vanier Dans les Limbes, dix-sept poèmes sur sa vie d'hôpital et les visites
réconfortantes de Philomène.
Le 9 août, avec l'aide de ses amis, il demande et obtient son premier secours financier de 500 F du ministère de l'instruction publique.
En août, il est élu Prince des Poètes par les lecteurs du Journal. Il succède à Leconte de Lisle, mort le 18 juillet. Un groupe d'amis, réuni par Maurice Barrès et Robert de Montesquiou, se cotise pour lui verser 150 F de pension par mois. À sa sortie de l'hôpital, Verlaine loge seul hôtel de Lisbonne, puis s'installe avec Eugénie Krantz, 48 rue du Cardinal-Lemoine. À la suite d'une violente dispute, elle retourne chez elle, après avoir profité d'une absence de Verlaine pour emporter ses manuscrits et effets personnels. Verlaine déménage à l'hôtel de Lisbonne, et reprend contact avec Philomène, qui reprend son rôle de commissionnaire auprès des éditeurs. Malgré les nombreuses lettres de Verlaine, Eugénie refuse de lui rendre ses affaires.
De nouveau malade, il entre à l'hôpital Bichat le 1er décembre. Le 15, c'est la parution d'Épigrammes, aux éditions de La Plume.
Le 21 janvier 1895, il sort de l'hôpital. Il rompt avec Philomène le 10 février, après avoir constaté une fois de plus la disparition mystérieuse de ses économies à la suite de sa visite.
À partir de février, il vit avec Eugénie, d'abord rue Saint-Victor, puis au 39, rue Descartes.
Le 19 février, il reçoit un nouveau secours de 500 F du ministère de l'instruction publique.
En juin, les Confessions paraissent à la Librairie Fin de siècle.
Au début de l'été, la ville de Nancy décide de donner à l'une de ses rues le nom de "Paul Verlaine".
Autre bonne nouvelle : l'autorisation donnée par Isabelle Rimbaud de publier toute l'oeuvre de son frère. Verlaine rédige la préface du recueil.
En Angleterre, une vague de puritanisme se déclenche à la suite du procès d'Oscar Wilde en corruption de mineurs, et l'éditeur londonnien Lane préfère renoncer à publier les Poésies Choisies de Verlaine. Même en France, les moeurs de certains écrivains un peu trop adulés dans les milieux intellectuels choquent. Edmond de Goncourt a d'ailleurs déclaré dans Le Journal du 27 janvier 1895 : "Oui, c'est positif en ce temps, on a le goût de la vie malpropre. En effet, quels sont, en ce moment, les trois dieux de la jeunesse ? Ce sont Baudelaire, Villiers de L'Isle-Adam, Verlaine : certes trois hommes de talent, mais un bohème sadique, un alcoolique, un pédéraste assassin."
Le 30 septembre, Verlaine reçoit nouveau secours de 500 F du ministère de l'Instruction publique. En octobre, il reçoit une lettre en provenance de Belgique de son fils Georges, apprenti-horloger, qui a maintenant 24 ans et aimerait le rencontrer. Verlaine est très ému, mais trop malade pour se déplacer, et trop pauvre pour pouvoir payer le voyage de son fils. Ne recevant rapidement plus de nouvelles, renseignements pris, il apprend que celui-ci, malade, est retouné chez sa mère, Mathilde Delporte. En décembre, début de la grippe qui l'emportera. Verlaine décède le 8 janvier 1896, à cinquante-deux ans, d'une congestion pulmonaire, 39, rue Descartes. Ses obsèques ont lieu le lendemain, suivies par plusieurs milliers de Parisiens. Il est enterré au cimetière des Batignolles dans le caveau familial, près de sa mère et de son père. Sur sa tombe, discours de Barrès, Coppée, Kahn, Mendès, Moréas et Mallarmé. En février, publication posthume de Chair, recueil de poèmes érotiques, dans un numéro spécial de La Plume, puis à la fin de l'année, Invectives chez Vanier, recueil de 79 poèmes satiriques. |
Dernière photo de Paul Verlaine par Otto.
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En 1903, parution de Hombres, chez Messein, composé en 1891. Il s'agit d'un recueil dit "pornographique" homosexuel.
En 1913, parution de Biblio-sonnets chez Henry Floury, treize sonnets de commande composés en 1895 pour Pierre Dauze, directeur de la Revue biblio-iconographique.
- Éléments biographiques d'après le livre "Paul Verlaine, Poésies", Anthologie-les clés de l'oeuvre par
Maurice Mourier, Pocket Classiques n° 6144, "Paul Verlaine, Oeuvres poétiques", commentées par Jacques Robichez,
Classiques Garnier, et "Verlaine" d'Henri Troyat, Grandes Biographies Flammarion.
- Les photos sont extraites de ces deux derniers livres.
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