Derniers Vers
Fêtes de la faim

Ma faim, Anne, Anne,
Fuis sur ton âne.

Si j'ai du goût, ce n'est guères
Que pour la terre et les pierres.
Dinn ! dinn ! dinn ! dinn ! je pais Mangeons l'air,
Le roc, les Terres, le fer.
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Tournez Mes faims, les faims Tournez ! Paissez, faims,
Le pré des sons !
Puis l'humble et vibrant Attirez le gai venin
Des liserons ;

Mangez les cailloux qu'un pauvre brise,
Les vieilles pierres d'églises,
Les galets, fils des déluges,
Pains couchés aux vallées grises !

Mes faims, c'est les bouts d'air noir ;
L'azur sonneur ;
- C'est l'estomac qui me tire,
C'est le malheur.

Sur terre ont paru les feuilles :
Je vais aux chairs de fruit blettes.
Au sein du sillon je cueille
La doucette et la violette.

Ma faim, Anne, Anne !
Fuis sur ton âne.

Aout 72    A R

- Texte du fac-similé du recueil Messein, sur laquelle ont été faites des corrections pour le rendre plus semblable à celui d'Une saison en enfer (Alchimie du verbe). Passé de Verlaine aux mains de Charles de Sivry puis de Charles Grolleau, après diverses collections il appartient aujourd'hui à la Bibliothèque municipale de Charleville-Mézières.
- Première publication dans "Arthur Rimbaud. Poésies complètes", Vanier, 1895.

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