Derniers Vers
[Bonheur]*

O saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?

O saisons, ô châteaux,

J'ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n'élude.

O vive lui, chaque fois
Que chante son coq gaulois.

Mais ! je n'aurais plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.

Ce charme ! il prit âme et corps,
Et dispersa tous efforts.

Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuit et vole !

O saisons, ô châteaux !

[Et, si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine,

Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !

O saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?]**

* Titre du brouillon d'Alchimie du verbe.
** Les six derniers vers sont barrés en croix.
- Texte du manuscrit de la collection Pierre Bérès.
- Rimbaud a repris une version légèrement différente dans Une saison en enfer (Alchimie du verbe).
- Il existe aussi un brouillon récupéré par Verlaine, où les deux premières lignes sont biffées (c'est pour dire que ce n'est rien, la vie / voilà les Saisons) et où le poème contient quelques autres variantes.
- Première publication dans La Vogue n° 9, 21 juin 1886.

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