Extrait du film Rimbaud Verlaine
C'est un trou de verdure où chante une rivière Un soldat jeune, Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Arthur Rimbaud Octobre 1870 |
- Texte du recueil confié à Paul Demeny, fac-similé Messein.
- Première publication dans l'Anthologie des poètes français du XIXe siècle, tome IV, Lemerre, 1888.
Ce sonnet est inspiré par la guerre de 1870. Rimbaud dresse un tableau très coloré et vivant qui
frappe l'imagination pour en faire ressortir toute l'horreur, sans jamais prononcer le mot "mort."
Dans un ruissellement de lumière (haillons d'argent du soleil qui luit et se reflète dans l'eau, val qui mousse de rayons) et de vitalité
végétale, au milieu de tant de couleurs (le vert de l'herbe, le bleu du cresson, le jaune du soleil, l'argent de la rivière, la couleur des glaïeuls)
et de gaieté (chante, follement, mousse), l'immobilité et la pâleur d'un corps, et le rouge du sang.
Au sujet de la progression dramatique :
le premier quatrain plante le décor plein de vie et de gaieté. Le deuxième nous présente au milieu de tout cela, un jeune soldat dormant,
d'une pâleur inquiétante et anormale dans toute cette lumière et cette verdure.
L'inquiétude grandit avec le premier tercet : le soldat sourit comme un enfant malade et a froid. Il ne participe pas à l'exubérance de
vie qui l'entoure et même le soleil n'arrive pas à le réchauffer.
Il ne réagit pas aux parfums de la nature, sa poitrine ne bouge plus. Et l'explication finale arrive, saisissante : il a deux trous rouges au côté
droit (à rapprocher du premier vers : trou de verdure).
- Le Dormeur du Val, dit par Véronique Janty (Source : LivresAudio.net)
- Le Dormeur du Val analysé par Eddie Saintot.